On voit au nouveau Carole Martinez, Les Roses fauves, une magie qui vainc des resistances rationnelles.
On s’attendait a ce que nos personnages parlent aux morts et que les morts leur repondent, parce que, sous la plume de Carole Martinez, “jadis et tout i l’heure craquent comme des coquilles de noix, secoues via identiques rafales” – une telle porosite entre passe et present est creee avec une telle evidence que la magie vainc nos resistances rationnelles. On devinait que l’univers vegetal pourrait i?tre transfigure – une autre des signatures de Carole Martinez –, qu’il y aurait des histoires de fantomes, de lignee, d’ancetres et plus precisement d’aieules – car toujours ces dames dominent les livres une romanciere. On n’est gui?re decu.
Un livre concernant le parfum du desir
Le nouveau livre reste tout ceci, ainsi, il faut evidemment louer les dons de conteuse que l’auteure a demontres des l’ouvrage via lequel cette dernii?re reste entree en litterature, C?ur cousu, dont celui-ci reste bien a J’ai fois la replique et l’aboutissement. L’intrigue des Roses fauves repose sur cette coutume espagnole qui voulait que, du cote de Malaga, les meufs ainees heritent du c?ur cousu farci de petits papiers contenant ce que un maman avait ecrit avant de mourir en sachant que nul ne le lirait jamais. Le c?ur de ce livre, lorsqu’on ose dire, est la restitution des feuillets – d’abord numerotes de 1 a 44 et sans numeros –, caches dans le c?ur eventre par la fatalite d’Ines Dolores, l’aieule de la receveuse des postes boiteuse appelee Lola Cam.
C’est la rencontre de cette derniere avec une romanciere en en gali?re d’ecriture louant votre gite en environs – le double de Carole Martinez – qui conduit au viol du secret d’Ines Dolores : Lola Cam et votre romanciere, qui l’a choisie tel amie puis tel le personnage, se poussent au sacrilege au cours tout d’un diner de complicites. Celle que les tricoteuses d’une Poste appellent “Madame l’auteure” commence aussi a lire a haute voix en traduisant de l’espagnol le recit vieux De surcroit tout d’un siecle d’Ines Dolores. Au moment oi? a 2 heures du matin celle-ci appelle le pere de ses bambins pour le lui raconter, il lui repond que celui-ci aimerait qu’elle le laisse se rendormir. L’essentiel se joue entre femmes, vous dit-on. Dans votre livre, les hommes seront voues a mourir d’amour, au sens strict, ainsi, a venir ensemencer les femmes par-dela ma fond ; on ne saura Du Reste jamais qui a tue l’amoureux d’Ines Dolores, mais c’est tel si votre n’etait moyennement le sujet.
Ce livre ne se contente gui?re d’explorer les profondeurs de personnages qui sont nos gardiens d’histoires immemoriales qu’ils ignorent et qui ne un appartiennent nullement. Ce n’est nullement juste 1 livre via la perpetuation ou “le souvenir [d’un] ravissement resiste a la fond et passe dans la generation suivante”. C’est aussi, ainsi, surtout, 1 incroyable livre sur le desir. Un livre via le parfum du desir. En le refermant, le doute n’est Dans les faits plus permis : le desir a votre parfum. Un parfum de chair tiede qui envahit le roman page apres page, et ca se precise, se complexifie, se contredit. Un parfum de roses folles, fauves, faramineuses – c’est ainsi que tour a tour seront designees ces fleurs rouge sang qui se paraissent mises a pousser dans le jardin d’Ines Dolores l’ete de l’ensemble de ses 16 ans, au moment ou i§a a decouvert son corps.
“Mon innocente caresse a chamboule le monde, faire mes mains ont degote leur chemin dans mes reins, les mains ont devale la cambrure et se paraissent nichees dans mes plis, ainsi, j’ai ete rejouissant, les doigts ont joue en moi et alentour. Soudain, J’me suis sentie electrique dans l’orage.” Des au cours, ces roses voraces s’emparent des murs du jardin jusqu’a le devorer, cela permet a J’ai jeune fille de se liberer de ce pere – qui a deteste le parfum fauve des sa premiere note – qui depuis sa naissance la retenait dans votre jardin. Mais et cela la rend prisonniere de ses desirs. Au point qu’elle viendra jusqu’a se apporter a l’amoureux de sa premiere fille.
Un recit olfactif
Carole Martinez a l’art une parabole. Qu’on la prenne au premier ou au dixieme degre, sa fable enveloppe le public, dont d’emblee elle fait le complice de son ecriture. D’une mise en abyme a l’autre, elle le deboussole sans le perdre. Elle va aussi se permettre de poser des questions metaphysiques – “Les morts, que nous plantons en terre tel graines, esperent-ils un regain ? Sont-ils les racines ou nous puisons les forces? Sommes-nous la pour les continuer?” –, de pietiner votre merveilleux qu’elle adore tant convoquer – “Il me semble que bien termine avec crever, l’amour tel le reste” –, et de scander : “Parfois je ne desire que dalle.”
Desirer ou ne pas desirer, telle est le sujet. Le rosier, “miroir de des desirs”, produit des https://datingmentor.org/fr/rencontres-adventiste fleurs animales “gorgees de sang ainsi que foutre, de mort ainsi que desir” “qui se nourrissent des desirs qu’elles insufflent”, qui seront “les filles de des desirs ainsi que ceux des morts”, “a la fois le pire et le meilleur”. Aux deux tiers du produit, la romanciere de l’histoire bascule dans l'”aversion” pour ces “fleurs maudites”, “veneneuses”, “scelerates”, “vermines” “toxiques” qui “puent la fond” ; des au cours, elle ne cessera de se sentir menacee via lesdites roses. “Je ne peux vraiment plus souffrir leur parfum.”
Carole Martinez aura reussi le tour de force d’effectuer tout d’un parfum son personnage principal. Cette ecriture se lit avec le nez. Ines Dolores reste guidee via les sensations olfactives. Toute sa life celle-ci a achete le corps a toutes les hommes qui excitent son odorat. “une rapide poignee [de graines] suffirait pour que [le desir] renaisse, meme quand il doit m’emporter. Je pourrais lacher les fauves…”, ecrit l’actrice qui se prenait Afin de une fleur. Ces “graines de chaos”, elle en a foutu quelques-unes dans le c?ur cousu decousu ; Lola Cam et son amie romanciere en avalent chacune une. Cela va sans dire que pas grand chose ne va i?tre plus jamais pareil. Pour le meilleur ou concernant le pire. Puisque, comme le repete Carole Martinez, “l’amour nous survit”. Elle finirait bien par nous le faire croire.